Conseil Municipal du 27 janvier 2025 - Débat d'Orientation Budgétaire

Publié le par Tarbes Citoyenne

Conseil Municipal du 27 janvier 2025 - Débat d'Orientation Budgétaire

Le document que vous avez présenté est très généraliste et nous entrerons, sans doute, plus dans les détails lors de l’examen du budget au mois de mars. Nous comprenons que les incertitudes nationales ne permettent pas une précision fine dans l’approche budgétaire. Nous avons bien noté, d’ailleurs, que les services font preuve de prudence dans les prévisions et c’est plutôt une bonne chose. Nous ne sommes pas à l’abri de bonnes surprises dans le courant de l’année qui permettraient un peu de respiration budgétaire. Le vote du budget a été reporté mais nous ne sommes pas plus avancés par rapport à ces incertitudes nationales si ce n’est que la ponction sur les collectivités territoriales initialement prévues dans le budget du gouvernement Barnier (autour de 5 milliards d’euros) devraient être moindre (nous avons entendu parler de la moitié de cette somme). Le document présenté permet toutefois de voir les grandes orientations et donc les choix politiques sous jacents qui serviront à bâtir le budget. Nous nous opposons sur ces choix et nous allons expliquer pourquoi.

Pour notre groupe, à l’heure actuelle, le budget d’une collectivité, devrait répondre à l’urgence sociale, l’urgence démocratique et l’urgence écologique imposées par le moment politique et la situation actuelle. Les orientations proposées, comme les budgets précédents, ne permettront pas de répondre à ces urgences.

Au niveau national, ce sont 5 millions de personnes qui sont en situation de grande pauvreté et l'État ignore sciemment sa mission sociale dans le PLF 2025. Il s'agit donc pour les villes (quelque soit l’étiquette politique d’ailleurs) d'œuvrer à leur échelle à rétablir de l'égalité et de la justice. 

Pour nous, cela peut se faire sous deux formes: renforcer les missions publiques (premières pourvoyeuses de redistribution sociale) et prendre des mesures de soutien au pouvoir d'achat. Vous ne faites ni l'un ni l'autre: vous réduisez la voilure sur les agents municipaux (nous en reparlerons plus loin) et vous reconduisez les budgets sociaux (ce qui dans le contexte général de pression sur les ménages conduit à appauvrir les tarbais.ses les plus fragiles).

Dans notre ville les chiffres de la pauvreté chez les jeunes explosent (il suffit de voir la permanence du Secours Populaire sur le site universitaire), les Restos du Cœur n’ont jamais distribué autant de repas.

Le taux de pauvreté atteint autour de 25-26% à Tarbes. Nous savons que vous contestez ce chiffre et nous ne relancerons pas le débat là-dessus. Malgré tout, nous souhaitons apporter au débat deux autres faits incontestables pour illustrer notre propos : selon le Plan Local de l’Habitat présenté los du dernier conseil communautaire, 80% de la population de l’agglo TLP est éligible à un logement social. Autre fait : la DSU calculée sur le potentiel fiscal de la commune devient, année après année, presque aussi importante que la DGF.

Nous disions, tout à l’heure, qu’il fallait que ce budget montre un renforcement des missions publiques. Depuis le début de notre mandat, nous défendons les services publics et avant tout celui de la mairie (on en reparlera avec l’analyse du rapport social unique). En termes de Services Publics, le bilan de la municipalité n’est pas bon : deux bureaux de postes ont fermé (Pradeau et Marcadieu), cinq écoles ont fermé (et pas seulement après fusion) l’hôpital de Tarbes fermera bientôt ses portes et maintenant nous entendons parler du commissariat qui pourrait quitter notre territoire. Nous ne pouvons pas imaginer, à l’avenir, la ville préfecture de notre département, celle qui a le plus d’habitants et le plus d’activité, dépourvue de services publics essentiels. La hausse de la population ces dernières années est en totale contradiction avec la baisse des services publics proposés et la municipalité doit se battre, fortement, pour maintenir et développer nos services publics sur son territoire.

Au niveau de la mairie, nous constatons une baisse inquiétante des effectifs (790 agents permanents au 31 décembre 2023 selon le rapport social, contre 836 au 31/12/2022). La précarité reste relativement importante et près de 82% de nos agents sont de catégorie C. On fait donc baisser les effectifs (79 départs pour 33 arrivées toujours selon le rapport social, on fait mieux que le président Sarkozy qui préconisait de ne remplacer qu’in fonctionnaire sur deux) et le service rendu à la population s’en trouve obligatoirement dégradé. Depuis le début de notre mandat, nous avons rencontré de nombreux agents municipaux : leur situation est inquiétante, nous voyons bien que nous avons des difficultés à recruter, à faire venir de nouveaux talents ou à les garder. Comment pourrait-il en être autrement puisque la réforme des 1607 heures et les salaires qui restent désespérément bas puisqu’ils n’augmentent pas au rythme de l’inflation, n’ont rien fait pour l’attractivité dans la fonction publique territoriale. Tout cela entraîne, en plus, des difficultés grandissantes à trouver du sens par rapport la mission de service public à rendre à la population.

Il ne faudrait pas que les agents municipaux servent de variables d’ajustement pour équilibrer le budget. C’est le sentiment qu’on peut avoir en regardant les orientations budgétaires : la hausse de la masse salariale reste très contenue (seulement +1,2% si on enlève les agents CCAS passés sur le budget principal). La hausse du point d’indice ou du Smic est donc amorties par une baisse de personnel, Ce n’est absolument pas notre conception des politiques publiques. Il faudrait que la municipalité s’occupe de faire baisser drastiquement la précarité dans notre collectivité, notamment féminine et que nous rompions avec le dogme de non remplacement des départs en retraire.

 

Nous notons, de nouveau, l’importance du budget investissement (18,5 millions annoncés et à peu près 300 millions sur 20 ans). Ces investissements sont importants pour notre commune mais nous pourrions discuter de la répartition de ces derniers. Nous pouvons avoir le sentiment que jusqu’à présent on a surtout rénové le centre ville (et la ville) pour attirer de la population et augmenter le nombre d’habitants. On aurait sans doute pu consacrer une parte de ces investissements à d’autres choses : par exemple en luttant contre les effets du changement climatique où la ville a un rôle crucial à jouer, notamment dans la végétalisation accrue de nos espaces publics, à propos de la question des mobilités mais aussi au niveau la rénovation thermique de nos bâtiments publics, qui en ont bien besoin. La pose de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments publics, partout où c’est possible, permettrait un retour sur investissement rapide. Cela permettrait aussi de faire baisser les factures énergétiques et de dégager de l'auto financement que l’on pourrait utilement flécher vers le soutien aux tarbais plutôt que de l’investir toujours vers des travaux.

 

Vous contractez deux nouveaux emprunts à hauteur de six millions d’euros. Nous n’avons pas de problèmes avec le fait d’emprunter, surtout à faible taux et à taux fixe. D’autant plus que la gestion de la dette semble maîtrisée si on compare à des villes de la même strate. Nous nous posons la question du moment pour contracter ces prêts : ils sont contractés sur des taux qui vont, vraisemblablement baisser dans quelques mois. Pourquoi ne pas attendre une situation plus favorable et d'ici là, décider de renégocier de manière à rééchelonner le remboursement des intérêts de manière à se donner un peu d'oxygène pour les politiques municipales ?

 

Nous pensons aussi qu’il faut faire du logement une grande cause municipale : nous ne comprenons toujours pas que la ville compte des milliers de logements vacants (dont certains municipaux ou à la SEMI) et que des tarbais soient toujours mal logés ou sans logement. Nous avons déjà évoqué plusieurs propositions comme le permis de louer, l’expérimentation « un toit d’abord ». L’objectif de notre municipalité, à moyen terme, devrait être de ne plus avoir aucun mal logés à Tarbes. Et cela pourrait se faire aussi en direction des agents municipaux, qui ont parfois du mal à se loger dans notre ville. Une autre proposition devrait être étudiée : la baisse du taux du livret A, qui n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les épargnants permet de dégager des marges de manœuvre chez les bailleurs sociaux. La Ville de Tarbes pourrait peser que ce soit à la SEMI ou au sein de CA de l’OPH afin que cette augmentation de moyens soit partiellement fléchée vers une réduction des loyers pour les locataires, afin de soulager leur pouvoir d'achat tout en maintenant la dynamique de rénovation et d'entretien des logements.

Nous resterons vigilants lors de l’examen budgétaire à proprement parler à l’évolution du budget du CCAS. Notre groupe estime qu'il faut en augmenter les moyens, d'une part pour une réelle gouvernance, avec la mise à jour nécessaire de l'Analyse des Besoins Sociaux, la dernière datant de mai 2019, mais aussi pour faire face à la demande croissante d'aides financières facultatives attribuées par le CCAS, qui sont majoritairement des aides pour les fluides et le paiement des loyers (encore !).

S’adresser aux plus démunis de nos concitoyens permet par l’ouverture de nouveaux droits de s’adresser à toute la population : en mettant en place, par exemple, des pans de gratuité : transports en commun ou premiers mètres cubes d’eau (à l’agglo) mais aussi à travers une école réellement gratuite : les fournitures scolaires et l’accès à la culture (spectacles, musées) devraient faire partie de ces pans de gratuité à l’avenir.

Nous terminerons notre intervention par le palais de sports. Nous ne contestons nullement la nécessité de sa rénovation et par ricochet, la construction d’une salle annexe pour la durée des travaux. Par contre, nous ne comprenons toujours pas, pourquoi ce n’est pas l’agglomération TLP qui s’occupe de ce dossier. Nous savons ajouter des compétences à l’agglo pour lui permettre de cofinancer, par exemple, le contournement routier au nord de Tarbes ou pour fiancer n’importe quel projet lourdais, l’auditorium ou le pic du Jer. La gestion des équipements sportifs est une compétence communautaire, le TGB et l’Union Tarbes Lourdes sont des clubs largement communautaires voire départementaux. Pour nous, c’est donc à l’agglo doit donc se saisir de ce dossier.

Vous l’aurez, nous ne partageons pas les orientations budgétaires présentées. Nous participerons, aussi, activement, au débat, lors de la présentation du budget, en vous faisant des propositions concrètes et constructives.

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